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VIH, violences sexuelles et trajectoires sociales des femmes immigrées originaires d'Afrique subsaharienne en France : modèle à équations structurelles et données longitudinales (enquête ANRS-PARCOURS)
Julie Pannetier  1, 2@  , Andrianolo Ravalihasy  3@  
1 : Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris  (CRESPPA-GTM)
Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis : UMR7217, Université Paris Nanterre : UMR7217, Centre National de la Recherche Scientifique : UMR7217
2 : Centre Population et Développement  (CEPED)
Université Paris V - Paris Descartes, Institut de recherche pour le développement [IRD] : UMR196
3 : Centre Population et Développement  (CEPED)
Université Paris V - Paris Descartes, Institut de recherche pour le développement [IRD] : UMR196

Problématique : Les femmes immigrées originaires d'Afrique subsaharienne sont particulièrement affectées par le VIH en France. Les violences sexuelles vécues après la migration exposent au VIH. Il est donc important de comprendre le contexte social de survenu de ces violences après la migration. Cette étude porte sur l'analyse des situations, notamment résidentielles et administratives, qui exposent les femmes aux violences sexuelles après leur migration.

Type de données : L'enquête ANRS Parcours « Parcours de vie des personnes originaires d'Afrique subsaharienne vivant avec le VIH et l'hépatite B en France » a été conduite, en Ile de France, entre 2012 et 2013, auprès de 547 femmes immigrées originaires d'Afrique Sub-Saharienne ayant le VIH et suivies dans des services hospitaliers et auprès de 405 femmes n'ayant pas le VIH qui consultaient dans des services de médecine générale (PASS et centres de santé). Cette enquête biographique rétrospective a permis de collecter à l'aide d'une grille biographique différentes trajectoires sociales : résidentielle ; administrative ; affectives et sexuelles. Pour ces différentes trajectoires, la situation des personnes est renseignée chaque année depuis leur arrivée en France. Les violences sexuelles (avoir été forcée à avoir un rapport sexuel contre sa volonté) ont été datées et situés sur la grille biographique ; ce qui permet d'analyser à chaque année le contexte social de survenu de ces violences.

Analyse utilisée : En nous appuyant sur une étude précédente combinant des données biographiques à des données biomédicales, nous avons distingué 3 groupes de femmes : celles qui ont été infectées par le VIH avant leur migration (n=391), celles infectées par le VIH après leur migration (n=156) et les femmes qui n'étaient pas infectées par le VIH (n=405). Nous avons comparé les prévalences de rapports sexuels forcés après la migration pour ces trois groupes de femmes. Nous avons également analysé le contexte social de survenu de ces violences sexuelles après la migration à partir d'un modèle à équations structurelles appliqué aux données longitudinales de l'enquête Parcours. Il s'agit d'une innovation méthodologique que nous souhaitons présenter dans le cadre de ce colloque. Ce modèle nous a permis de comprendre quelles conditions de vie, combinées à des relations affectives et sexuelles spécifiques, exposaient le plus les femmes aux violences sexuelles après leur migration.

Principaux résultats : Les femmes infectées par le VIH après leur migration ont plus souvent déclaré avoir été forcées à avoir un rapport sexuel contre leur volonté après leur migration que les femmes qui n'avaient pas le VIH (15% vs. 4%; p=0,001). Les violences sexuelles après la migration ont plus souvent eu lieu les années où les femmes étaient hébergées par de la famille ou des amis et les années où elles ont dû changer souvent de logement. Les années passées sans titre de séjour étaient également associées au fait d'avoir subi des violences sexuelles.


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