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La Définition des coûts de substitution lors de l'analyse de séquences : une application sur les trajectoires relationnelles autour du diagnostic d'infection au VIH
Mireille Le Guen  1@  
1 : Centre population et développement  (CEPED - UMR_D 196)
Institut de Recherche pour le Développement, Université Paris Descartes - Paris 5 : UMR_D 196

Les immigrés subsahariens vivant en France sont particulièrement touchés par l'épidémie de VIH. Plusieurs études qualitatives ont permis de décrire les évolutions de leur situations conjugale suite au diagnostic. En revanche, aucune analyse quantitative n'a permis de mesurer l'ampleur du phénomène au sein de cette population. Pour ce faire, il ne s'agira pas seulement regarder les entrées et les ruptures d'union suite à l'évènement diagnostic, mais d'avoir une fenêtre d'observation plus large qui permette de connaitre les situations relationnelles des personnes avant, pendant, et après la découverte de leur séropositivité, afin d'entrevoir leurs évolutions.

L'analyse de séquences, en classant les trajectoires individuelles afin d'établir des trajectoires-types, permet de repérer celles marquées par une rupture autour d'un évènement donné, et d'estimer la part des individus concernés par un changement de leur situation. Lors de l'analyse, les méthodes d'appariement optimal (ou optimal matching method en anglais) permettent à l'utilisateur de définir, entre autres, les coûts des opérations (insertion, suppression, substitution) nécessaires à la comparaison des séquences deux à deux. Il est alors possible de privilégier certaines dimensions de la trajectoire plutôt que d'autres (état, distribution, calendrier, durée ou séquençage), en rapport avec l'objet de recherche. Plusieurs méthodes peuvent être utilisées pour définir les coûts des opérations, et particulièrement les coûts de substitution, mais peu d'exemples d'application nous permettre de savoir laquelle choisir. Les résultats obtenus varient-ils significativement selon les méthodes de définition des coûts de substitution utilisées ? Certaines sont-elles vraiment plus adaptées aux données ? Permettent-elles d'avoir une meilleure connaissance de l'objet de recherche étudié ?

Nous nous proposons de répondre à ces questions en les appliquant aux données de l'enquête quantitative et biographique ANRS-Parcours menée en 2012-2013 en Île-de-France auprès d'immigrés subsahariens dont certains ont été diagnostiqués séropositifs pour le VIH. L'analyse de séquence sera utilisée ici pour établir une typologie des trajectoires relationnelles des personnes enquêtées autour du diagnostic d'infection au VIH.

Afin de connaitre l'influence de de la définition des coûts de substitution sur les résultats, nous procéderons à trois analyses de séquences en utilisant trois méthodes de définition des coûts de substitution : celles des coûts constants, cette des coûts définis par les taux de transition, celles des coûts définis par une approche théorique. Après avoir présenté les méthodes utilisées, nous comparerons nos résultats, c'est-à-dire nos classifications de trajectoires à l'aide d'indicateurs statistiques et de considérations sociologiques. Nous verrons alors que l'approche théorique de définition des coûts de substitution permet une meilleure connaissance des évolutions relationnelles autour du diagnostic d'infection au VIH. En effet, si les deux premières classifications permettent de classer les trajectoires selon la fréquence des états, la dernière, parce qu'elle tient davantage compte de la chronologie, donne à voir deux classes distinctes : l'une marquée par la mise en couple, l'autre par la rupture d'union. Nous conclurons en montrant que le choix de la méthode de définition des coûts de substitution doit être considérée au regard de la dimension de la séquence à privilégier pour l'analyse.


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