Abstracts par auteur > Kafando Yamba

Les défis de la collecte des données mixtes et longitudinales sur les conditions de vie des indigents au Burkina Faso.
Yamba Kafando  1@  , Kadidiatou Kadio  2@  , Paul André Somé  3@  , Valéry Ridde  4@  
1 : Action, Gouverance, Integration, Renforcement / Groupe de travail en Santé et Développement  (AGIR/SD)
2 : Université de Montréal  (UdeM)
3 : Action, Gouvernance, Integration, Renforcement / Groupe de travail en Santé et Développement  (AGIR/SD)
4 : Institut de Recherche pour le Développement  (IRD)
Ceped

Contexte

En 2008, une recherche opérationnelle dans le district sanitaire de Ouargaye au Burkina Faso a permis la sélection communautaire et la prise en charge sanitaire de personnes considérées comme indigentes (Kafando Y, et al, 2013). Afin d'étudier la dynamique de vie de ces indigents et les effets de l'exonération du paiement des soins, vingt indigents ont été choisis parmi les 270 indigents sélectionnés par la population pour des études de cas en profondeur.

 

Objectif

La communication vise à analyser les forces, les faiblesses et les défis méthodologiques liés à la collecte d'informations mixes et longitudinales sur les conditions de vie des indigents.

 

Méthodologie

Les vingt indigents ont été choisis pour qu'ils soient représentatifs des indigents sélectionnés. Leurs ménages ont été visités une fois par mois pendant un an. Des données qualitatives et quantitatives ont été collectées lors des séances d'observation, des entrevues individuelles et d'un questionnaire. La consultation des fiches d'observation, des grilles de collecte des données ainsi que l'analyse réflexive font ressortir des défis méthodologiques et de contraintes dans le processus d'étude pour proposer des leçons apprises pour de futures recherches.

 

Résultats

L'approche initiale était de laisser les indigents écrire leur trajectoire de vie et remplir les outils de collecte durant douze mois. Cela a été impossible car les indigents n'ont pas été scolarisés et ne pouvaient ni écrire ni lire.

L'autre difficulté majeure a été de réduire les enjeux de pouvoir entre le chercheur et les enquêtés afin de ne pas influencer la nature des données collectées.

Les besoins non satisfaits des indigents (alimentation, emploi) ont rendu difficile la collecte des données. Le chercheur a fait face aux situations de précarité extrême des enquêtés qui l'a rendu par moment vulnérable.

Les visites répétées du chercheur aux indigents attiraient également une certaine curiosité de leur voisinage perturbant par moments l'intimité et le caractère confidentiel des entretiens.

Pour réduire la distance sociale au maximum, le chercheur a opté de résider dans la zone de recherche tout en adoptant une posture respectueuse et utilisant de moyens matériels simples, non décalés par rapport aux conditions de vie des indigents. En plus de la posture empathique et la construction de liens interpersonnels avec les enquêtés et leur entourage, des aides ponctuelles ont été apportées à des indigents tout en minimisant la croyance en cette aide directe comme une contrepartie des entretiens.

Leçons apprises

Collecter des données auprès des indigents s'avère un défi qui nécessité de veiller constamment à l'équilibre entre le respect des normes scientifiques/éthiques et la nécessité de prendre en compte les réalités du terrain. Utiliser des outils de collecte qui tiennent comptes des réalités sociales du milieu, résidé dans le milieu de la recherche, interagir en permanence avec les principaux acteurs, être motivé et convaincu de l'apport de la recherche à la fois sur le plan social et sur le plan scientifique sont des éléments essentiels pour conduire une recherche en milieu rural défavorisé en Afrique.


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